Moi, Dieu, bis

Moi, Dieu, j'ai des regrets !
J'ai beau me démener, beau faire de mon mieux,
Vouloir que la Terre soit à l'égal des cieux,
J'achoppe sans arrêt.
Je suis fâché de l'homme
Qui s'était prosterné tout au long de l'Histoire,
Que je consolais de ses infinis déboires.
Devenu riche comme
Crésus il s'insoumet.
Pour venir me narguer il investit le ciel,
S'exile dans des paradis artificiels.
Et c'est lui qui promet
Des lendemains meilleurs,
Alors que la planète est livrée au pillage
Que le progrès sacré traîne dans son sillage
La mort. Simple voyeur,
Je me vois condamné,
Moi, Dieu, n'est-ce pas vraiment le monde à l'envers,
A voir ma création devenir un enfer.
Je suis abandonné !
J'ai enfanté Satan
Qui réduit à néant mes cohortes d'archanges.
Je l'avais méprisé, aujourd'hui il se venge ;
Il joue, il prend son temps
Et pourrait bien gagner.
Moi j'étais bonté, lumière, lui est stratège
Assoiffé de pouvoir l'homme lui fait cortège
Dois-je me résigner ?
J'avais voulu la paix
Ce monde que j'ai fait sacralise la guerre
Mes paroles d'amour on ne les entend guère.
J'ai été kidnappé
Et j'erre dans le temple
Gardant tant bien que mal la flamme vacillante
Rêvant qu'elle revienne l'étoile brillante
Qui montrera l'exemple.
Dois-je vraiment mourir,
Regarder impuissant l'humanité malade
S'amuser de sa consumériste balade
Et à sa fin courir ?
Ou dois-je avaliser
Toutes les atrocités, toutes les dérives
Pour qu'après tant de sang mon règne enfin arrive,
Pour me réaliser ?
J'en appelle aux humains
Prenez le relais, je vous donne la parole
Je disparais du ciel, j'abandonne mon rôle
Sans moi sera demain.

18/12/2020