Au trou!

Hommage à Gertrude Stein

Je me rendis compte un jour qu’il y avait autour de moi des trous oui il y avait des trous partout mais alors partout

Tout autour de moi oui regarde où tu mets les pieds trou dans la chaussée dans ma chaussette dans la poche de mon veston dans ma vie

Des trous dans mon emploi du temps par exemple ah ça oui mais que fis-je alors sinon boire au seau de l’impatience ou mâchonner l’ennui

J’ai détesté ça oui mais il y en avait partout des trous des trous de vers tout petits afin de se faufiler fuir où cela mais vers l’infini

Se faire tout petit tapi dans l’infini peut-être en volant un tapis volant vers l’infini oui vers l’infini

Alors tous les trous de mémoire les accrocs de l’ennui l’impatience de partir tout cela serait fini à l’orée de ce pertuis

Mais il y avait autre chose oui autre chose comme un trou noir quitte à nuiter dans le noir je voulais savoir où me déloger

Où mène ce puits et si et si c’était le tombeau de l’infini si tout n’était rien que tombereau  d’ennui et soif d’infini malgré le seau empli

Et si et si au verso de ce trou n’était que la nuit de la nuit l’envers de l’infini un huis clos avec le néant de l’ennui le restant de mes jours

Et si le compte rendu n’était pas celui que j’ai cru quand je me rendis compte de celui que je suis oui si le trou n’était que chute dans l’infini vers l’infini trou de vers tout de travers oui

La chute dans le trou n’a plus de sens et l’ascension où mène-t-elle elle aussi et si le seau est sans fond et si ma soif est sans fin et si puiser c’est puiser à l’infini

N’est-ce pas épuisant puisatier dis as-tu creusé jusqu’à l’infini sinon finis ta tâche et tâche d’étancher l’assoiffé que je suis

Si dans le trou est le trou de quoi suis-je le trouvère le troubadour ébloui trou de balle hardi qui oui qui a tiré dis

En plein cœur je l’ai pris et depuis ma vie est un lipogramme sans i va joue mon cœur et rebondis la roulette est sans espoir

Dans le noir de l’infini un accroc permet à l’escroc de fuir il y a un trou dans ma mémoire qui gâte l’espoir

Noir nuit néant il va falloir au tiroir retourner sans bruit il y a un trou un trou de vers un trou noir un trou sans bruit dans ma vie

Eh toi Dieu suis !