Derrière les mots

Derrière l'éclatante dorure des mots
Derrière les étincelants colliers de rimes
Tintant à vos oreilles comme des émaux
Se cachent de peu enviables douleurs intimes

Quand s'envolent sur le papier des papillons
Quand crissent la plume et la dentelle de soie
L'auteur a déjà déchiré tant de brouillons
Et gâché son sommeil pour de bien piètres joies

Pour l'amateur ravi qui se laisse embarquer
Chaque fois pour Cythère ou encore Venise
Le poète en aucun cas ne saurait manquer
De faire souffler délicatement la brise.

Si par bonheur la muse arrive au rendez-vous
Que coule comme miel un joyeux flot de verbe
La fièvre l'envahit, ses doigts deviennent fous
Il s'agite, suant, il bout, il s'exacerbe.

Mais si dans son malheur les vents lui sont contraires
Il bat ses flancs, son chien, insulte les étoiles
Débauche de boissons, cortège de galères,
Un sinistre désordre étend sur lui sa toile.

Jamais, lecteur, vous n'imagineriez croiser
Votre aède préféré poussant son caddie
Dans le rayon des sentiments pasteurisés
Ni sous les hardes de ce clochard qui mendie

Il vous faut pour l'aimer que le poète crie
Qu'importe que ce soit sa joie ou sa douleur
Pour d'autres qu'avec eux il s'agenouille et prie
Moi je convoite votre âme comme un voleur

Car c'est ma nourriture, mon pain, mon absinthe
Quand je puis me saisir de son scintillement
Alors se rallume ma flamme presque éteinte
Votre âme, ami lecteur, vaut bien quelque tourment.

24/11/2017

Marrant qu'on n'ait pas encore "répondu": a-t-on peur d'un pacte avec le diable fait poète? Quand je lis tes vers, ben non, je signe tout de suite le parchemin! J'y gagne un opium délicat qui me ravit.
Je ne suis pour ma part qu'un pauvre diable de (peut-être) poète. Mais j'aime bien aussi croquer l'âme... Faut bien remplacer la sienne!

Pritos a écrit:Marrant qu'on n'ait pas encore "répondu": a-t-on peur d'un pacte avec le diable fait poète? Quand je lis tes vers, ben non, je signe tout de suite le parchemin! J'y gagne un opium délicat qui me ravit.
Je ne suis pour ma part qu'un pauvre diable de (peut-être) poète. Mais j'aime bien aussi croquer l'âme... Faut bien remplacer la sienne!

Même pas peur? le "on", je le crains a dû s'enliser dans quelque marécage, et ne connait plus le bonheur de venir épier les elfes au détour d'un quatrain chevelu. J'ai bien peur qu'à ne plus croiser d'âmes curieuses dans mes sentes verbeuses, il me pousse des lichens à la place de la barbe.

Bonour Michel,

Les affres de la création puis surtout recueillir l'écho des lecteurs...

Tout est dit dans ce poème très réussi.
Bravo

Souris a écrit:Bonour Michel,

Les affres de la création puis surtout recueillir l'écho des lecteurs...

Tout est dit dans ce poème très réussi.
Bravo

Merci Souris
Ne craigniez rien pour votre âme, je viens de faire beaucoup d'abus en ces périodes festives, mon appétit est largement satisfait