Prose du vendengeur (old french)
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ELYSE
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Prose du vendengeur (old french)
Usé par vie de belin appaillardi,
Sans ambagoys, m'arme vous dit
Que goujon pimpre suis devenu,
Mareu dollequin sornillant à l'envys.
Esgrun joueur d'escoirre en vergne,
D'air fainctif suis caut vendengeur,
Emmy la tourbe de pehons bejaulnes,
Détrenchant bourses de cordouen
Des claquepatins, giffauts friquets,
De ces cuidereaux, coquarts nectelets
Ou encor maquonceaux avoyés;
Tout cela me venant de manne!
Hohette, je suis un pauvre mauffez,
Or au lieu de me garmenter,
Je mets à fruiction tout achoison,
Obstant que suis naquet si fétart,
Ribleur mettant plumial au vent
Et qu'oncques, n'ai-je travaillé!
Ennuyt, j'ai joué au glic sur le grez
Et j'ai grâce à deux ambesars de foleur
Douzain d'aubefloryes engandrez.
Quelle soulas et miste chevance!
Aist Dieux, soiez benoist, je suis baud!
Comme piéça, faisais arquémie aux dens
Esmerilloné, serain venu, me suis attablé.
En l'estre, à vite, j'ai abattu pain à deux mains:
Plusieurs sorets, goyères et frais mathon.
Quelle galle, quel rallias, cette repue franche!
Aussi j'avais seuf: vostre meilleure boiture,
Point de piarde de buffet, un pogoiz de morillon!
Aist Dieux, soiez benoist, je suis baud ores!
Reffait, suis allé quérir gauldrouse de bon bruit
Léans, Boing chaud dans le meilleur des bordeaulx.
Cointe était cette mariote, jeune caige-vert, marque de plant,
Au vis traictis, blanches tetes et bizouart bersaudez;
Le couillart contraict après haures et faffées,
Déa, sadinet et bris eurent le ruffle en la joue!
Traduction:
Usé par cette vie de mouton appauvri
Sans ambages, mon âme vous dit,
Que truand rusé suis devenu
Adroit filou pillant à contre-coeur
Amer escroc dans la ville
D'air trompeur, je suis habile coupeur de bourse
Parmi la foule de piétons niais,
Coupant les bourses de cuir,
Des hommes galants, élégants joufflus
De ces galants présomptueux, blanc-becs bien vêtus
Ou encore souteneurs bienvenus.
Tout cela me tombant du ciel!
Oh oui, je suis un pauvre diable
Or au lieu de me lamenter
Je profite de toute occasion
Vu que je suis un jeune garçon si fainéant,
Voleur m'abandonnant au destin
Et jamais, n'ai-je travaillé!
Aujourd'hui, j'ai joué aux cartes sur le pavé
Et grâce à deux coups de dés de folie amenant deux as
J'ai empoché une douzaine de pièces d'argent aux fleur de lys.
Quelle joie et jolie fortune!
Dieu qui m'assite,soyez béni, je suis heureux!
Comme depuis quelque temps, je criais famine
Joyeux, le soir venu, me suis attablé
A l'hotel, en hâte j'ai mangé avidement
Plusieurs harengs saurs, tartes au fromage, et du lait caillé frais
Quel plaisir, quel festin, ce repas gratuit!
Aussi j'avais soif: votre meilleure boisson,
Point de piquette, un pichet de bon vin rouge foncé!
Dieu qui m'assiste, soyez béni, maintenant je suis heureux!
Repu, j'ai cherché quelque maison close réputée
Dedans, j'ai pris un bain chaud dans le meilleur des bordels.
Mignonne était cette jeune fille, prostituée, fille de joie
Au joli minois, seins blancs et minou tondu;
La queue déformée après caresses et bagatelles
Dame, sa chatte et aussi son cul furent en feu!
Laurent Mario Galdeano
Sans ambagoys, m'arme vous dit
Que goujon pimpre suis devenu,
Mareu dollequin sornillant à l'envys.
Esgrun joueur d'escoirre en vergne,
D'air fainctif suis caut vendengeur,
Emmy la tourbe de pehons bejaulnes,
Détrenchant bourses de cordouen
Des claquepatins, giffauts friquets,
De ces cuidereaux, coquarts nectelets
Ou encor maquonceaux avoyés;
Tout cela me venant de manne!
Hohette, je suis un pauvre mauffez,
Or au lieu de me garmenter,
Je mets à fruiction tout achoison,
Obstant que suis naquet si fétart,
Ribleur mettant plumial au vent
Et qu'oncques, n'ai-je travaillé!
Ennuyt, j'ai joué au glic sur le grez
Et j'ai grâce à deux ambesars de foleur
Douzain d'aubefloryes engandrez.
Quelle soulas et miste chevance!
Aist Dieux, soiez benoist, je suis baud!
Comme piéça, faisais arquémie aux dens
Esmerilloné, serain venu, me suis attablé.
En l'estre, à vite, j'ai abattu pain à deux mains:
Plusieurs sorets, goyères et frais mathon.
Quelle galle, quel rallias, cette repue franche!
Aussi j'avais seuf: vostre meilleure boiture,
Point de piarde de buffet, un pogoiz de morillon!
Aist Dieux, soiez benoist, je suis baud ores!
Reffait, suis allé quérir gauldrouse de bon bruit
Léans, Boing chaud dans le meilleur des bordeaulx.
Cointe était cette mariote, jeune caige-vert, marque de plant,
Au vis traictis, blanches tetes et bizouart bersaudez;
Le couillart contraict après haures et faffées,
Déa, sadinet et bris eurent le ruffle en la joue!
Traduction:
Usé par cette vie de mouton appauvri
Sans ambages, mon âme vous dit,
Que truand rusé suis devenu
Adroit filou pillant à contre-coeur
Amer escroc dans la ville
D'air trompeur, je suis habile coupeur de bourse
Parmi la foule de piétons niais,
Coupant les bourses de cuir,
Des hommes galants, élégants joufflus
De ces galants présomptueux, blanc-becs bien vêtus
Ou encore souteneurs bienvenus.
Tout cela me tombant du ciel!
Oh oui, je suis un pauvre diable
Or au lieu de me lamenter
Je profite de toute occasion
Vu que je suis un jeune garçon si fainéant,
Voleur m'abandonnant au destin
Et jamais, n'ai-je travaillé!
Aujourd'hui, j'ai joué aux cartes sur le pavé
Et grâce à deux coups de dés de folie amenant deux as
J'ai empoché une douzaine de pièces d'argent aux fleur de lys.
Quelle joie et jolie fortune!
Dieu qui m'assite,soyez béni, je suis heureux!
Comme depuis quelque temps, je criais famine
Joyeux, le soir venu, me suis attablé
A l'hotel, en hâte j'ai mangé avidement
Plusieurs harengs saurs, tartes au fromage, et du lait caillé frais
Quel plaisir, quel festin, ce repas gratuit!
Aussi j'avais soif: votre meilleure boisson,
Point de piquette, un pichet de bon vin rouge foncé!
Dieu qui m'assiste, soyez béni, maintenant je suis heureux!
Repu, j'ai cherché quelque maison close réputée
Dedans, j'ai pris un bain chaud dans le meilleur des bordels.
Mignonne était cette jeune fille, prostituée, fille de joie
Au joli minois, seins blancs et minou tondu;
La queue déformée après caresses et bagatelles
Dame, sa chatte et aussi son cul furent en feu!
Laurent Mario Galdeano
Re: Prose du vendengeur (old french)
Merci pour la traduction qui m'a permis de savourer ce texte comme un vin vieux.
Re: Prose du vendengeur (old french)
Récolte réjouissante et savoureuse,
je salue le travail et le talent
Amicalement
Alexienne
je salue le travail et le talent
Amicalement
Alexienne
Re: Prose du vendengeur (old french)
Ami, que voilà vendengeur qui sçait tirer fruict d'une vie guère marrie, des deux mains je l'en bénis!
Chapeau pour ce travail de recherche des termes d'antan!
Un délice!
Chapeau pour ce travail de recherche des termes d'antan!
Un délice!
Pritos- Messages : 3545
Date d'inscription : 15/09/2009
Localisation : L'ioline jolive lez gaste terre...
Re: Prose du vendengeur (old french)
souvenirs qui vont de Villon à Montaigne en s'arrêtant à Rabelais - impertinence truculence - savoureuses minutes qui passent et nous réjouissent
sid arduinna- Messages : 602
Date d'inscription : 22/10/2009
Age : 84
Localisation : vendée
Re: Prose du vendengeur (old french)
Merci pour ce texte succulent, comme le dit Elyse, on en savoure l'essence....Tu bosses même en été ? lol
lacape- Messages : 7589
Date d'inscription : 15/05/2010
Localisation : quelque part en france
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