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Mathéo

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Message  Michel 48 Mer 30 Oct 2019, 14:09

J'ai froid Mathéo
Ça fait 3 heures qu'on marche dans la nuit, sur des routes de campagne, j'ai mal aux pieds, j'ai froid, et je commence à me demander si finalement l'idée de Mathéo était aussi bonne que ça.  Bon, d'accord, il a 15 ans, il doit mieux savoir que moi, je suis encore une gamine il dit. Ça m'a trop excitée, de préparer notre sac, nous habiller, prendre l'argent dans le pot de la cuisine, et partir comme des voleurs à 2 heures du matin.
Regarde, il me dit pour m'encourager. On voit les lumières de Melun au loin, on y sera dans une heure. Allez Safia, encore un petit effort, tu es la plus courageuse des gamines que je connais. On s'offrira un chocolat chaud et des croissants au buffet de la gare et on prendra le premier train pour Reims. Il a dit qu'on pouvait pas prendre le bus à Cesson, c'était trop risqué, on pouvait se faire reconnaître, les gens préviendraient les gendarmes ou bien Jean et Léa, alors qu'à Melun, personne ne nous demanderait rien.
J'ai froid et je crois que je vais me mettre à pleurer. Jusqu'à maintenant, prise par l'exaltation de la fugue, les images restaient floues, mais avec notre marche silencieuse, elles reviennent en boucle, les détails affluent, les éclats de voix, les paroles de haine, les cris. Mathéo qui sort de la chambre, moi qui le suis, tous les 2 blottis au coin de l'escalier. Moi qui prends la main de mon frère, qui la serre, y plantant même les ongles quand je réalise que le drame est inévitable. Apparemment Jean a couché avec une fille qui s'appelle Marie-Lou, et quand il rentre à la maison alors qu'on vient de s'endormir, Léa lui tombe dessus, crie, le frappe, le poursuit. Mais Jean a dû picoler aussi, et au lieu de faire le coupable, il se met à la frapper et à lui dire des mots horribles. À un moment, il dit : « Et puis j'en ai marre de ces 2 mômes, tu les élèves toute seule si tu veux, moi je me casse ». Il a remis sa veste, et il est sorti en claquant la porte.
Nous sommes retournés à la chambre, Mathéo et moi. On ne comprenait pas, Jean et Léa avaient l'air de s'aimer, et ils n'étaient jamais méchants avec nous. Ça me rappelle trop quand maman criait j'ai dit. Moi pareil il a répondu. J'ai commencé à pleurer. Maman, maman, je veux la voir. Mathéo il était pâle comme un linge, il me regardait sans parler, il tremblait. Puis il y a eu un éclair bizarre dans ses yeux, il s'est levé, il a dit on va la voir. On va se sauver d'ici. On attend juste un peu que Léa se calme. Elle va prendre un somnifère, après ça sera bon.
C'est ça les pilules dans la salle de bains j'ai demandé ? Il a répondu ça fait longtemps qu'elle en prend. Ça fait déjà un moment que Jean manque régulièrement au dîner et rentre tard. Mathéo il est trop intelligent, il comprend tout. Il a dit aussi que quand Jean ne rentrait pas pour dîner, Léa se vidait coup sur coup 2 verres d'apéro dans la cuisine avant de venir manger avec nous. Moi j'avais pas vu, mais j'avais réalisé que ces soirs là, elle était collante avec moi quand elle venait me faire un bisou au lit.
On marche dans la nuit, et Mathéo tient ma main bien serrée dans la sienne. J'ai un grand frère super. Lui aussi il aime bien maman, seulement on ne la voit presque jamais, juste une visite de 2 heures une fois par mois, et encore en présence d'un éducateur. Ça fait bientôt 5 ans que ça dure. D'abord y a eu le foyer, le procès, des assistantes sociales, et puis Jean et Léa. Moi je me plaignais pas trop, j'avais 5 ans, ça allait pas trop mal à la maison. Mais Mathéo, lui, apparemment, il dérouillait. Ça arrivait souvent quand il voulait pas que les hommes touchent maman. Il se mettait au milieu pour empêcher, et le lendemain il se pointait avec des bleus à l'école. Mathéo, il a pas tout dit au juge, sinon, il pense que maman serait allée en prison. Mais il m'a dit à moi que les hommes le touchaient, et l'obligeaient à les toucher aussi, même quand maman était là. Moi j'y comprends pas trop aux choses du sexe, ça me fait tellement peur ce que dit Mathéo que c'est comme si je fermais mes yeux à l'intérieur, ou comme si la lumière s'éteignait et que je reste dans le noir. Mathéo il dit que c'est parce que maman m'envoyait dans ma chambre me coucher.
Moi j'aime bien Jean et Léa, je les trouve super gentils. Mathéo, lui, il est plus réservé, renfermé presque, il aime pas que Léa le touche ou lui fasse des bises. Jean et Léa, ils n'ont pas pu avoir d'enfants, c'est pour ça qu'ils ont fait famille d'accueil et qu'on a atterri chez eux. Mathéo, il dit qu'il préfère Jean, c'est pour ça que si Jean s'en va, il s'en va aussi.
Tu sais, je sais qui c'est Marie-Lou il me dit. Je l'ai vue avec Jean au café. Je comprends qu'il en soit dingue, tu verrais la paire de nibards qu'elle a.
C'est pour ça que Jean m'aime pas j'ai dit ? Parce que j'ai pas de seins ? On a pouffé de rire tous les deux. Le ciel commençait à pâlir, on arrivait dans les faubourgs de Melun.

30/10/2019


Dernière édition par Michel 48 le Mar 05 Nov 2019, 18:47, édité 1 fois
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Message  Michel 48 Mer 30 Oct 2019, 14:10

Bon, d'accord, c'est plus une nouvelle qu'un poème, mais j'avais envie de vous faire partager
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Message  Pierre James Ven 01 Nov 2019, 17:50

Quelle désastre, et ce n'est pas le seul cas du genre malheureusement.
Ton texte relate avec beaucoup de sensibilité l'état d'esprit de ces enfants, paumés et malheureux qu'ils sont, face à la déshumanisation, hélas fréquente, des couples que notre société d'aujourd'hui engendre.
Est-ce une fiction ou une histoire vraie Michel ?  Quelle que soit ta réponse, elle ne changera rien au fait de la tendance des familles de nos jours à se désagréger, le couple ne voulant plus assumer à deux les ou leurs difficultés. Le sujet est vaste pas vrai.
Merci du partage, même si ton poème est une "mauvaise " nouvelle Smile !
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Message  Michel 48 Dim 03 Nov 2019, 09:59

Pierre James a écrit:Quelle désastre, et ce n'est pas le seul cas du genre malheureusement.
Ton texte relate avec beaucoup de sensibilité l'état d'esprit de ces enfants, paumés et malheureux qu'ils sont, face à la déshumanisation, hélas fréquente, des couples que notre société d'aujourd'hui engendre.
Est-ce une fiction ou une histoire vraie Michel ?  Quelle que soit ta réponse, elle ne changera rien au fait de la tendance des familles de nos jours à se désagréger, le couple ne voulant plus assumer à deux les ou leurs difficultés. Le sujet est vaste pas vrai.
Merci du partage, même si ton poème est une "mauvaise " nouvelle Smile !
Pierre James
Bonjour Pierre, et merci de ton commentaire
Ce texte est une fiction, inspirée d'un atelier d'écriture. Mais pour le fond, il se nourrit de mon expérience dans le médico-social et dans la vie. Toutefois, je n'ai pas voulu m’appesantir sur le côté sombre, plutôt faire parler la candeur enfantine de la fillette, et avec elle l'espoir qui est au cœur de toute vie, fût-elle très mal partie.
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Message  Michel 48 Dim 03 Nov 2019, 19:03

Tout s'effondre autour de moi
Jean qui se barre en claquant la porte pour rejoindre sa pute de Marie-Lou, les mômes qui se sont fait la malle, les gendarmes qui viennent de repartir, les services sociaux qui vont débarquer. La tête dans le chou, même après une douche brûlante, cette envie insidieuse qui me ramène encore une fois devant le meuble des apéritifs.
Sa pouffe. Qu'elle crève celle-là ! Je m'en doutais depuis un moment qu'il avait quelqu'un, j'avais pas imaginé que ça puisse être ma meilleure copine. Marie-Lou la cajoleuse, son rire carnassier, son 95D en offertoire. Marie-Lou qui voilà moins d'une semaine me faisait des confidences sucrées en me caressant l'épaule, ma chérie, comme tu es belle, vous êtes un si beau couple Jean et toi.
Ah oui, un beau couple. Un couple sans enfants, et que l'infertilité ronge plus sûrement qu'un cancer, qui fait de moi une planche à pain que Jean ne regarde plus. Mon Jean qui troque mes œufs au plat contre un double airbag, qui s'enferme dans le mensonge. Ses nouvelles missions commerciales, ces clients étrangers qu'on amène dans les meilleurs restaurants de la ville, qu'on sort dans les bars...Tu parles. Trahi par son portable tombé de sa poche hier matin, sous un coussin du canapé. Parti au boulot sans s'en apercevoir.
Comment en est-on arrivés là, lui qui m'aimait si tendrement ? Lui qui a été si proche de moi tout le temps qu'ont duré ces fichus examens médicaux, ses mots rassurants, ses bras, dans ce parcours éprouvant, et jusqu'à cet abrutissant diagnostic. On adoptera un enfant ma chérie. Oh oui mon Jean. On n'a pas adopté, j'ai perdu mon boulot, chômage, des conversations au pôle emploi, cette perspective qui se présente, devenir famille d'accueil. Une assistante sociale chaleureuse, convaincante, vous êtes un couple épatant. Jean qui gagne bien sa vie, qui m'encourage, c'est fait pour toi ma chérie, tu vas adorer t'occuper d'enfants.
Ils sont venus habiter notre maison, ils ont redonné vie à mon ventre, ils ont rendu la chaleur à mon sein. Un petit moineau tout bouclé, ses grands yeux bruns qui lui mangent le visage, Safia, 5 ans, Safia dont le regard interroge le monde, qui veut tout comprendre, qui accepte mes bras, qui vient si gentiment se blottir. Et son héron de frère, si mystérieux dans son apparente immobilité, qui semble sonder l'onde de sa vie, mais dans la quête de quoi. Mathéo, 10 ans, qui ne s'est jamais posé sur ma rive. Mauvais traitements ont dit les services sociaux, enfants en danger, mère à la dérive. Mathéo ne dit rien. Il ne me déteste pas, non, mais il décourage toutes mes approches. Gentil, serviable, pourtant, mais comme pour s'assurer d'être irréprochable. La vie s'installe avec eux, ma maison se peuple de leur existence. Jean les adore, Safia le lui rend, et Mathéo également, mais en mode camouflage, en partageant des territoires de mystère. Jean et Mathéo désossant un vieil ordinateur, Jean et Mathéo dans les galeries des musées, au salon de l'auto, aux matchs du FC Melun. Mais Mathéo secret, même avec Jean, auprès de qui rien de personnel jamais n'affleure. Pire encore avec moi, je sens qu'il me dénie toute prétention à être maternelle. Ça me blesse, après ces années consacrées à leur bien-être. Heureusement, Safia ne boude pas mes bras. Elle est mon bébé. Je la vois bien grandir, je vois parfois des eaux sombres dans le brun sombre de son regard. Je la vois grandir et je me refuse à imaginer qu'elle est vouée à quitter ma vie un jour ou l'autre, je voudrais qu'elle soit pour la vie ce bébé que je n'ai jamais porté, jamais allaité, que je serre peut-être trop fort certains jours où ces questions me rongent plus que d'habitude, certains soirs où je trouve dans un apéro la chaleur qui vient se couler dans mes chairs glacées.
Ou alors, cette absence cotonneuse des somnifères, qui vient suppléer aux absences intolérables de Jean aux repas du soir.
J'ai éclaté hier soir. La colère couvait en moi depuis le matin, depuis la sonnerie de son téléphone, la découverte des textos, les photos. J'ai piétiné le portable, je l'ai jeté à la poubelle, et j'ai vécu la journée dans un tourbillon mental indescriptible. Sans toucher une goutte d'alcool pourtant, y avait en moi tellement de feu, je n'en avais pas besoin. Je ne sais pas comment j'ai fait pour passer la soirée avec les petits en ayant l'air normale, je les ai regardé manger, je ne pouvais pas avaler la moindre bouchée. Est-ce que je les ai inquiétés ? Est-ce que j'ai crié trop fort quand Jean est rentré?J'aurais voulu le déchirer, le lacérer de mes ongles. Je l'ai frappé, je l'ai insulté. Alors il a crié aussi, il m'a dit des horreurs, m'a bousculée, jetée à terre, il est parti.
Vieille peau m'a-t-il dit. C'est ça que je suis pour toi Jean ? Une vieille peau, un ventre sec et froid ? Je pleure, je voudrais me précipiter chez Marie-Lou, lui arracher les yeux. Au lieu de quoi je me tiens dans l'encadrement de la porte des enfants. 5 ans de leur vie. Le désastre de la mienne. Safia est partie avec son doudou. Ses pantoufles en nounours au pied du lit me regardent. Je me sens tomber.
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Message  Pierre James Lun 04 Nov 2019, 09:13

Avec cette suite, on entre là dans les raisons, dans l'intimité des personnages. Tu en fais une nouvelle ou un livre selon ton inspiration. Écriture bien vivace.
Bonne journée Michel
PierreJ.



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Mathéo Empty 3ème et dernier volet

Message  Michel 48 Mer 06 Nov 2019, 15:22

Je m'appelle Mathéo monsieur le juge. Oui, je veux retourner vivre chez Léa, même si Jean l'a quittée. Oui, monsieur le juge, elle s'occupe bien de nous. Je suis parti sur un coup de tête monsieur le juge, j'ai été trop bouleversé d'assister à la querelle entre Jean et Léa, nous avions tellement été habitués à les voir s'aimer. Oui, je comprends que ce n'était pas une idée de prendre ma petite sœur pour rendre visite à notre maman.
Ce n'était pas une bonne idée du tout, non. Nous tremblions d'émotion, Safia et moi, quand nous avons gravi les escaliers de l'immeuble, toqué à la porte. C'était vers les neuf heures du matin. Rien ne bougeait , nous avons toqué de nouveau, plus fort. Alors nous avons entendu du bruit dans l'appartement, des pas qui se traînaient jusqu'à la porte. Maman qui apparaît dans l'encadrement, un peignoir jeté sur sa nudité, le visage gonflé, le cheveu en bataille, et un masque d'effroi sur son visage quand elle nous voit. Un doigt sur sa bouche, pour nous prier de ne pas faire de bruit, nous entrons derrière elle, elle nous fait comprendre qu'elle n'est pas seule. Elle ne nous parle pas, elle chuchote.
Maman, maman dit Safia, sans parvenir à maîtriser son émotion, et sans parvenir à étouffer sa voix. Maman m'a juste posé un baiser dans les cheveux, et je la vois terriblement gênée des effusions de Safia qui cherche à se blottir contre elle, qui l'enserre à la taille. Maman propose de nous faire chauffer un chocolat, on la suit dans la cuisine, elle nous fait asseoir, sort une casserole. Et tout de suite ce type en caleçon qui se tient dans la porte, le visage mauvais. C'est quoi ce bordel ? Tu as envie de nous attirer des ennuis avec la police ? Fous moi ces mômes dehors ! Maman qui tente de discuter, Safia terrorisée agrippée à son peignoir, l'homme qui s'avance menaçant, sa voix sourde de colère. Je dois être pâle comme un linge, je tremble. Il va la frapper si elle insiste, J'arrache Safia à son étreinte, je lui prends la main, je la tire de force vers la sortie, nous quittons l'appartement accompagnés des cris de la dispute. En bas des escaliers, nous nous asseyons, incapables elle et moi d'imaginer quelque chose, livides, paralysés. La porte de l'immeuble qui s'ouvre, deux policiers, ils sont à notre recherche, ils nous emmènent, nous montons dans leur voiture. La femme policier passe derrière avec nous, il fait chaud dans la voiture, la femme sent bon, Safia se met à pleurer doucement, sans sanglots, sans renifler, juste des larmes qui coulent sur son visage, je lui serre la main.
C'était il y a une semaine, depuis nous avons été hébergés dans un foyer, le temps que les services sociaux fassent leur enquête. Il semble que leur avis est favorable à un retour dans la famille d'accueil. Enfin, famille... disons chez Léa, puisque Jean est parti. L' assistante sociale nous attendait à la sortie du bureau du juge, elle nous ramène à la maison. Arrivés dans Cesson, je lui demande de s'arrêter devant le fleuriste, je veux arriver avec un bouquet. Il me reste un peu d'argent de ce que j'avais pris dans le pot de la cuisine. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, ces jours-ci j'éprouve pour les femmes une tendresse que je n'avais jamais ressentie jusqu'à maintenant. Ça a commencé avec la policière, elle sentait bon, j'aurais voulu l'embrasser, tellement elle m'avait fait oublier maman, son visage défait et son corps maltraité sous le peignoir. Et puis après, elle, l'assistante sociale, qui nous a rencontrés plusieurs fois cette semaine, son regard sur nous, comme l'impression de me retrouver sur la rive d'un lac, l'envie de me laisser accompagner et, si la pudeur ne me retenait pas, de lui laisser prendre ma main.
Je veux offrir des fleurs à Léa. J'ai toujours été distant avec elle, tout en sachant que je la faisais souffrir de refuser son affection. Je suis son héron dit-elle. Aujourd'hui je sens que je peux l'aimer. Cette boule qui me glaçait le ventre a fondu, c'est de la chaleur qui circule dans mes veines, je veux que son ventre glacé à elle aussi se réchauffe de mon affection, je vais la consoler du départ de son Jean, comme je sais consoler ma petite sœur Safia quand elle a un gros chagrin.

Épilogue, huit ans plus tard
Aujourd'hui, Safia se marie, oui, à 18 ans c'est jeune, mais le mariage ça la rassure tellement. Léa est de la fête, rayonnante. Jean est venu aussi, mais il rase les murs. Il y a longtemps que sa liaison avec Marie-Lou a fait long feu, mais il a perdu sa Léa pour toujours. Il gagne très bien sa vie je crois, enfin professionnellement. Côté cœur il la perd dans la répétition de liaisons foireuses. Moi, Mathéo, je suis entré dans la police. On dit que mon côté héron réussit à merveille pour épingler les gros poissons. Côté cœur, je n'épingle pas grand chose, l'amour me fait tellement peur.
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Message  Pierre James Dim 10 Nov 2019, 11:00

Histoire qui va continuer son chemin douloureusement humain. Une évocation, même si pure fiction, qui est bien réelle.
Bon dimanche
PierreJ.


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