INIMITABLE

INIMITABLE

Après avoir suivi jusqu'à cette hauteur
Le blanc sentier craquant sous les herbes gelées,
Je découvre soudain la céleste splendeur
D'un ciel jaune doré, transperçant les futaies,
Et teintant les troncs noirs d'un doux trait de blondeur.

Le temps est arrêté, pas un souffle de vent
N'agite les sommets des arbres-cathédrale.
Le silence est parfois par un engoulevent,
Déchiré par son cri, dans la paix hivernale
Régnant dans la forêt comme dans un couvent.

Je tente de garder en moi la vision
De ces couleurs pastels, impossibles à peindre
Sans déflorer l'éclat, sans faire illusion,
Car la nature est là, sans qu'on ne puisse atteindre
Le maître incontesté de la création.

Modestement alors, mes pinceaux, en caresse,
Courberont les branches d'un délicat trait noir,
Reproduisant le ru, coulant avec paresse
Sous son linceul de gel où l’on ne peut le voir,
Et je me sentirai remplie d'allégresse.